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Le saviez-vous ? les fuites d’air sont une cause principale des pertes d’énergie dans les bâtiments. Le contrôle thermique, effectué par un professionnel qualifié, permet la détection de ces fuites en vue de leur suppression. Ainsi depuis 2013, tout bâtiment neuf doit répondre à des exigences de performances énergétiques telles que décrites dans le référentiel RT 2012 (Réglementation Thermique 2012), incluant un niveau seuil de perméabilité à l’air.
Loïc Cohade, cofondateur de Planète Contrôle, bureau de contrôle thermique situé à Ormesson-sur-Marne (94) en région parisienne, nous a accordé un entretien. Nous avons souhaité avec lui en savoir plus sur la nature de ses interventions de contrôle thermique ainsi que sur les exigences réglementaires en vigueur en termes de performance énergétique.

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Loïc et Frédéric de Planète Contrôle durant un test d'infiltrométrie
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CoFaber : Quelles sont les prestations de contrôle que vous proposez ? en quoi consistent-elles ?

Loïc Cohade : Nous faisons des tests faisant appel à deux techniques.
Je vais parler en premier du test d’étanchéité à l’air, ou test d’infiltrométrie. Cela consiste à mettre en place un puissant ventilateur entouré d’une bâche hermétique au niveau de l’entrée du logement. Après obturation de toutes les voies d’échange d’air type VMC dans le logement en cours de contrôle et mise en place de capteurs, nous allons pouvoir mesurer le flux d’air non souhaité, c’est-à-dire les fuites d’air.
Il y a ensuite la thermographie infrarouge qui est réalisée à l’aide d’une caméra thermique. Cet outil permet de mesurer la température à la surface partout dans le bâtiment grâce au rayonnement émis. On obtient alors un thermogramme qui nous permet de voir rapidement les endroits du logement représentant de gros écarts de température. C’est là que sont les anomalies d’isolation et le fuites d’air.

 

C : Comment ces tests sont-ils ensuite exploités ? quels sont les cas d’intervention ?

LC : Le test d’infiltrométrie sert principalement à répondre aux exigences de l’Attestation de Fin de Travaux RT 2012. Il s’agit d’un document obligatoire que tout maître d’œuvre doit fournir à la mairie en fin de construction d’un nouveau bâtiment résidentiel. En effet, la RT 2012 exige une valeur de coefficient de perméabilité à l’air en dessous d’un certain seuil, suivant le type de logement.
L’entreprise peut aussi effectuer un DPE (Diagnostic de Performance Énergétique), à des fins de vente d’un bien immobilier par exemple.
On fait également appel à nos services pour valider les valeurs de performance énergétique d’un bâtiment, dans le neuf ou à la suite de travaux de rénovation. Typiquement, avant travaux, un bureau d’études thermique va faire des préconisations au client pour limiter les pertes de chaleur, avec des valeurs garanties en gain de performance. Nous pouvons alors intervenir à la fin des travaux pour valider que ces valeurs sont bien atteintes. A l’inverse, il nous arrive aussi de faire des tests avant travaux pour identifier les endroits du bâtiment qui occasionnent le plus de perte de chaleur. Dans un cas plus particulier, nous pouvons être sollicités pour mesurer les fuites d’air dans le cadre d’un litige avec une entreprise, après des travaux impactant la performance thermique de l’habitat. Si par exemple après un remplacement de fenêtres, la personne sent le passage d’un courant d’air, il peut nous contacter pour que nous fassions des mesures et fournissions un rapport technique de perméabilité à l’air.

Planète Contrôle : mise en place d'une installation pour test d'infiltrométrie.

Installation pour test d'infiltrométrie. Un ventilateur équipé de capteur est entouré d'une bâche au niveau d'une porte d'entrée.

 

C : Vous avez parlé d’Attestation de Fin de Travaux RT 2012 et de DPE. Votre entreprise est donc habilitée à délivrer ces documents administratifs ?

LC : Tout à fait. En plus du test d’infiltrométrie ou des mesures effectuées, nous procédons à divers contrôles qui peuvent être visuels ou basés sur des documents tels que factures, plans techniques, études, … La plupart des documents que nous remettons nécessitent de posséder un agrément. Ils valident ou invalident la conformité du bâtiment contrôlé.

 

C : Le test DPE a souvent été critiqué. La lettre comprise entre A et G est parfois perçue comme aléatoire. Que pouvez-vous nous en dire ?

LC : La notion de performance énergétique existait déjà avant 2012, elle est liée à la norme BBC (Bâtiment Basse Consommation). Avec la réglementation RT 2012, l’État n’a fait que reprendre cette norme en la rendant obligatoire pour tout nouveau bâtiment. Pour ces bâtiments qui répondent aux exigences de performance la RT 2012, nous n’avons plus que deux lettres possibles, A ou B. Cela limite déjà les erreurs d’évaluation.
En ce qui concerne les bâtiments anciens, la notation peut effectivement être contestée. En voici l’explication : le DPE prend en compte des critères multiples et pour certains critères, l’opérateur peut rentrer la valeur « non évalué » ; ainsi, en remplissant plus ou moins précisément le formulaire d’évaluation, la note peut être améliorée ou dégradée pour un même bien immobilier.

Lire aussi : Lionel Demarty défend la RT 2012 mais pointe du doigt les bureaux d’études

 

C : Quelle est votre typologie de client ?

LC : Nous sommes en mesure de travailler avec beaucoup de métiers différents : architectes, maîtres d’œuvre, bureau d’étude, ingénieurs thermiciens, … ou même directement avec le particulier. Nous intervenons principalement dans le bâtiment résidentiel, autant individuel que collectif et plus rarement pour le secteur tertiaire et public.

Planète Contrôle : caméra thermique en main

La caméra thermique permet de réaliser une thermographie du bâtiment.

 

C : Est-ce qu’il arrive souvent que l’attestation de fin de travaux soit refusée ?

LC : Cela arrive parfois. Là où ça peut coincer, c’est sur le test d’infiltrométrie. C’est la raison majeure de refus d’attestation.
Cela dit, nous faisons en sorte avec nos clients de tout faire que ce test soit positif, pour qu’ils n’aient pas à faire de contre-visite. Pour cela, nous leur recommandons avant la visite qu’un artisan soit présent avec du matériel et des produits pour corriger les défauts de fuite d’air en temps réel, car cela reste possible lorsque le dépassement du seuil autorisé est faible. C’est sans doute ce qui fait notre plus-value par rapport à d’autres entreprises de contrôle.

 

C : Quelles sont les raisons majeures d’échec au test d’infiltrométrie ?

LC : Les défauts rencontrés le plus souvent se retrouvent au niveau des sorties d’évacuation, traversées de conduits, tableau EDF ou encore au niveau des huisseries, entre le dormant et le doublage.

 

C : Quel est en moyenne la durée nécessaire à une visite client pour le cas d’une attestation de fin de travaux ?

LC : Il faut compter en moyenne une demi-journée pour contrôler et faire le tour complet d’une habitation. Cela comprend le test d’infiltrométrie plus les divers contrôles visuels et documentaires dont je vous ai parlé précédemment. Le résultat est donné au client tout de suite après la fin du test.

Planète Contrôle : thermogrammes réalisés à partir d'une caméra thermique

Thermogrammes réalisés à partir d'une caméra thermique

 

C : Parlez-nous de votre journée-type.

LC : A deux, avec mon associé, nous intervenons en général sur un ou deux logements par jour, mais cela peut aller jusqu’à six ou sept lorsqu’il s’agit d’appartements dans un même immeuble. Nous avons tendance à consacrer la matinée aux interventions sur site et de remplir les documents administratifs et d’ingénierie l’après-midi et le soir.
Nous nous déplaçons sur toute l’Île-de-France et même dans des départements limitrophes, dans l’Oise (60) ou en Marne (51).

 

C : En quelques mots, comment est née Planète Contrôle ?

LC : C’est avec un ami d’enfance que nous avons créé Planète Contrôle en 2012, avec l’apparition de tous les sujets autour du Grenelle de l’Environnement. Mon associé est spécialisé dans les mesures physiques et je suis moi-même spécialisé dans l’application des normes. Cela faisait deux ans que nous étions sortis d’école et nous avions beaucoup appris avec la pratique dans les premières années. Le bâtiment est un domaine que je trouve vraiment très intéressant du point de vue des rencontres et échanges qu’on peut avoir. Nous rencontrons vraiment des personnes de tous horizons : architectes, artisans, ingénieurs, promoteurs immobiliers, …

 

C : A-t-on besoin d’avoir beaucoup de connaissances réglementaires pour faire ce métier ? n’est-ce pas un peu complexe ?

LC : Non, cela ne représente pas vraiment une difficulté, l’essentiel de notre travail consistant à réaliser des contrôles et des tests à partir d’un cadre bien formatté. Je reste pour autant en veille sur les évolutions réglementaires qui touchent le bâtiment, et il y en a ! Nous allons bientôt avoir la RT 2020. Je suis impatient de connaître ce qu’il va y avoir dedans.

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